Une publicité m'intrigue depuis quelques temps et me semble un bon point de départ pour quelques réflexions associant marketing et ergonomie.

Nous avons émis l'hypothèse qu'une Interface Homme Machine (IHM) repose avant tout sur son architecture claire et agréable, à ses informations vérifiées et régulièrement mises à jour, bref, à son intérêt global et non à sa stratégie purement liée à la SEO (Search Engine Optimization). Toutefois, il existe des composantes qui participent également à ces éléments de clarté et qui sont directement liées à l'ergonomie. Cette dernière demande aux concepteurs de s'attacher, certes aux éléments esthétiques, mais avant tout aux éléments pratiques qui font d'une interface, d'un logiciel ou d'un objet quelque chose d'utile, d'utilisable par tous voire adaptable ou adapté à des états particuliers.

L'ergonomie est d'autant plus importante qu'elle touche tout le monde. Nombreux sont ceux qui s'imaginent que l'ergonomie ne sert qu'à permettre à des personnes handicapées d'utiliser un logiciel ou un objet. En fait, c'est beaucoup plus vaste que cela. D'abord nous sommes tous des handicapés potentiels, même si nous sommes nés valides et constitués de manière rigoureusement identique à la représentation d'un être humain figurant sur une planche anatomique. En glissant sur une piste de ski et en se brisant la jambe, en effectuant toujours le même geste jusqu'à souffrir de troubles musculo-squelettiques, en vieilissant.... Ensuite l'ergonomie est un moyen de faciliter physiquement autant que psychologiquement la vie au quotidien, à la maison, dehors et au travail. Enfin, en une période où le gain de temps est associé au gain d'argent, l'ergonomie permet d'optimiser son activité.

Déplacée à une application logicielle, l'ergonomie vise à mettre en évidence la lecture des informations ou la satisfaction d'un besoin précis de la manière la plus instinctive possible. C'est très certainement ce qui a fait de l'IPhone un outil particulièrement prisé : son extrême facilité d'utilisation et sa présentation ludique. Le Galaxy Note semble se placer également sur ce créneau, si l'on en croit le spot qui est actuellement diffusé : on y voit à quel point il est facile de détourer des objets, colorier, copier, coller, surfer sur le net... En revanche, ce qui pose ici question en termes de marketing c'est la comparaison suivante. Si on prend l'enseigne Apple, dont les différents terminaux Iphone, IPad, IBook... ont fait leur preuve, on constate que la publicité porte sur la facilité d'utilisation mais également sur la convergence : chacun des terminaux peut fonctionner en liaison avec les autres. Ici, le marketing renvoie à la possibilité de faire converser les différentes populations (notamment par classes d'âges, groupes sociaux...) entre elles avec une grande facilité. Ce qui interpelle dans le cas de Samsung, c'est la situation extrêmement élitiste, spécifique et complexe qui est présentée. Apple n'est pas réputé pour être spécialement bon marché, pourtant l'enseigne fait très attention à mettre en exergue des applications plus ou moins utiles mais ludiques. Samsung sur cette publicité fait rigoureusement l'inverse, plaçant finalement son produit sur une dimension qui semble étonnante : une application facile à utiliser mais qui ne sert à rien excepté peut être à quelques architectes oeuvrant au Qatar... L'idée de placer l'objet entre tablette et téléphone n'y est sans doute pas étrangère : comment définir en termes marketing, en images, un objet qui n'est pas défini en termes techniques?

Voici donc quelques remarques qui montrent bien, à mon sens, que l'ergonomie n'est pas toujours prise dans son strict sens quotidien, exactement au même titre que le design, souvent confondu avec un gadget signé par un grand nom et non en son sens premier qui veut la convergence entre la forme et l'utilisation. Mais là encore, ce sera l'objet d'un autre billet.