Depuis plusieurs mois, plusieurs partis s'affrontent à l'orée des présidentielles de 2012. Ici quatre nous intéressent plus particulièrement pour poser l'environnement de la politique française actuelle.

D'abord l'UMP, parti à la tête du pays depuis 2007, sous la direction de Nicolas Sarcozy actuel président de la République. Malgré son parcours d'avocat, Nicolas Sarkozy n'est pas vraiment ce qu'on appelle un bon orateur, son atout pour être président est aussi son handicap majeur : doté d'un ego surdimensionné il est assez ambitieux pour atteindre le poste le plus important de France, mais son caractère emporté ne lui permet pas toujours de se contrôler. Avec beaucoup de maîtrise, il avait su gérer ce défaut lors de la confrontation avec Ségolène Royal pour remporter le duel. Depuis, malheureusement ses « boulettes » semblent laisser penser que le temps de la maîtrise est révolu. Entouré de ses proches, parfois guère plus brillants orateurs ( Monsieur Hortefeux et ses sorties douteuses, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati...), l'image du parti s'est ainsi retrouvée ternie, avec des discours réutilisés plusieurs fois -faute de débutant inacceptable-, maladresses dans les déclarations vis-à-vis des pays arabes en pleine tourmente, attitude parfois tellement méprisante qu'elle le coupe du commun des mortels... L'UMP se trouve aujourd'hui en difficulté d'un point de vue de l'image et du rayonnement, n'augurant rien de bon pour les mois à venir. Bien sûr, il existe à droite des hommes politiques plus à l'aise dans la gestion des joutes oratoires, à défaut d'emporter l'adhésion, comme Nathalie Kosciusco-Morizet, Jean-François Copé ou Dominique de Villepin, mais est-ce que ce sera suffisant pour convaincre les électeurs?

Ensuite le Parti socialiste, jusque là considéré comme le second parti en France capable de se positionner pour les présidentielles, le PS est en pleine tourmente également. Ségolène Royal, Dominique Srauss-Kahn, Martine Aubry ou encore François Hollande ont chacun leur style, même s'il est vrai que là encore, aucun ne semble doté d'un pouvoir oratoire digne de la culture romaine... Ce qu'on leur reproche en communication, oh, presque rien : se tirer dans les pattes en permanence, et des arguments parfois un peu faibles… Bon c'est vrai, ça permet de nourrir les Guignols de l'info, mais si l'on se place dans l'optique de la campagne qui approche à grands pas, cela risque de devenir délicat. Entre ceux qui annoncent leur candidature avant concertation, ceux qui n'annoncent pas leur candidature et les brouilles des uns et des autres, l'image là encore est plus celle de la division que de l'unité autour d'un programme fédérant les électeurs.

D'autre part, on trouve les « petits nouveaux », ceux qui ont créé leur parti et font parler d'eux. Toujours sans traiter des idées mais en s'intéressant à la communication, on pourrait prendre deux exemples parlants. D'un côté Jean-Luc Mélanchon, qui a résolument endossé le rôle du tailleur de costard. Monsieur Mélanchon est spécialiste des interventions verbales musclées, qui font parler de lui à défaut de son programme politique. Un mauvais choix? Non, pas à court terme, car cela lui a permis d'obtenir un capital sympathie important de la part des français, qui apprécient -au moins pour un temps- ce franc-parler, qui, à mon sens, est plus un choix marketing qu'autre chose. D'un autre côté, on peut citer le Président du Modem, François Bayrou, qui bien que bénéficiant d'un capital sympathie assez conséquent amuse plus qu'il ne convainc, merci les Guignols de l'Info et le Petit journal de Canal Plus. Pourtant, d'un point de vue de l'image, ce n'est pas forcément un mauvais calcul. Pour certains électeurs, Jacques Chirac avait paru un peu benêt, ce qui ne l'avait pas empêche d'occuper l'Elysée deux fois, bien au contraire.

Enfin, le parti qui tire son épingle du jeu est le Front National. Depuis quelques mois, le FN engrange les succès dans les sondages alors que sa chute avait été assez importante ces dernières années. Pourquoi un tel succès? Il faudrait creuser davantage la question pour être véritablement analytique, mais un premier coup d'oeil semble mettre en lumière plusieurs points. Premièrement Marine Le Pen a modernisé assez violemment le discours du parti en quelques mois. Jusque là taxé régulièrement de racisme, le FN semble moins agressif, sous les traits de la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a adoucit le visage du FN. Après plusieurs semaines de recherche du ton le plus approprié, Marine Le Pen semble avoir choisi un mélange de propos parfois modérés et parfois très violents. De loin, cela fait penser un peu aux caricatures dans les films américains du mauvais et du bon flic, mais dans un seul corps... Deuxièmement, sans le vouloir, l'UMP joue le jeu du parti de la famille Le Pen après les diverses remarques de certains politiques de droite. En banalisant les remarques racistes, cela ouvre la voie au FN qui prône depuis longtemps le rejet d'un certain nombre de minorités et gagne de ce fait en crédibilité. Troisièmement, on peut certainement reprocher beaucoup de choses à Marine Le Pen, mais il faut au moins lui reconnaître un certain talent d'orateur. Elle utilise certaines ficelles communes à Nicolas Sarkozy -d'un strict point de vue technique en tout cas- mais elle le fait avec beaucoup plus de calme, et son ton pince-sans-rire, et plus encore sa capacité à canaliser sa colère en font un adversaire de taille. Elle a su retourner les défauts de son père pour réussir à les transformer en arme de conquête électorale.

 

Il semblerait donc que pour l'instant, si l'on compare les 4 ou 5 premiers partis politiques français, on peut constater que seul l'un d'entre eux reste dans la course à la communication. La proximité avec les préoccupations du peuple, le sourire, la maîtrise, la capacité du parti à ne pas se tirer dans les pattes tout ce qu'il faut pour emporter les élections. Seule question importante à se poser parmi les dirigeants des autres partis : seront-ils capables d'inverser la tendance pour conserver à la tête du pays un dirigeant plus modéré, et pourront-ils le faire rapidement, parce que là, ça urge...